A partir des œuvres de Tony Pereira Ferreira : Aller sur une autre planète

(Voir le livret)


Clair de Terre

Ici.
Les strates recelaient des cristaux, dans des gangues.
Il y avait des fossiles d’animaux : on rencontrait des bestioles de profils et des crocs.
Ici, des mangues poussaient, étaient incroyablement rondes…
Ici-bas : dans cette jungle.
Sous le ciel orange, zébrés par l’orage, les orangs-outans suscités par la pluie, soulevés par l’ennui, chantaient des arias… étaient ailleurs.
Cacophonie.
Les arbres devenaient musiciens, et les serpents rieurs ondoyaient en sonnant. – Cela faisait grand bien.
Sous la terre crue ou sous le sable, des plaques bougeaient.
Le monde tournait insensiblement ; il dansait.
Une ronde dans la nuit.
Il dessinait, décrivant d’immenses cercles suspendus, accrochés à la vie.

Tony


La Petite Princesse
  
J’ai toujours rêvé d’aller vivre  sur une autre planète qui me raconterait l’histoire de la création de l’univers,
Elle me raconterait le temps de chaque instant,
Elle me raconterait ses origines et son chemin,
Elle me raconterait demain,
Elle me raconterait d’autres lieux et d’autres dieux,
Elle me raconterait l’histoire de ses sœurs-planètes,
Elle me raconterait l’amour de la vie en chacune d’elles,
Elle me raconterait les liens qui les univers l’espace,
Elle me raconterait leurs désirs à portée de main,
Elle me raconterait leurs rêves venus en chemin,
Elle me chanterait tous les champs des possibles,
Elle me ferait voir les frontières de l’infini,
Elle me ferait entendre la mélodie douce du bonheur,
Et sentir sur cette autre planète,
Ma rose,
Unique au monde.
  
ChristinA

Manège et tourbillon

Tournez manèges. C’est la fête des marrons.
Tournez feuilles d’or dans la bise hivernale.
Vous finirez froissées mouillées humiliées sur un sol froid inhospitalier.
Que reste-t-il de votre superbe estivale quand vous murmuriez dans la brise légère ?
Vous avez laissé passer votre chance de vous envoler avec mes rêves portés par le grand
tourbillon cosmique. Alors que vous gisez, sales, écorchées, mes rêves me portent.
Tourne manège. Tourne ma tête. Tourne mon âme. Tourne mon cœur.
Tourne mon corps, mes bras balanciers.
Tourne et m’envole par-dessus la ville, par-dessus ma terre
Tourne et m’effile au-delà du ciel.
Tourne et me fonds dans le grand tourbillon blanc
Où tout commence, où tout finit.
  
Anne GAUDUEL

Par la fenêtre…
  
Les yeux mi-clos, les paupières lourdes de fatigues accumulées, de souffrance et d’absence de sommeil, j’avance en vacillant d’un pas lourd et incertain dans un local aux murs blanchis et aux parois de verre.
Disséminées dans la pièce, de petites fenêtres ouvertes laissent apparaître dans un ciel bleu univers, des astres connus, des constellations, des myriades d’étoiles.
Je me laisse tenté par cette offre silencieuse, prends mon envol par une de ces ouvertures et à cet instant précis, mon corps si lourd et fatigué devient léger, comme en apesanteur. Je flotte véritablement et me glisse avec aisance entre toutes ces lumières et ces scintillements. Tel un héros de science fiction, sans rencontrer le moindre obstacle, je parcours ainsi pendant un temps indéterminé un univers infini, froid mais au final, bienveillant.
Tout à coup, un bruit me fait sursauter, je suis dans mon lit d’hôpital, j’entrouvre les yeux, je ne suis plus seul devant ces toiles mais réalise que ce pourrait être doux de s’enfoncer ainsi avec légèreté dans les derniers instants de la vie, lorsque l’esprit vient à quitter le corps pour ce voyage vers une autre planète.
  
GDEP

Je rêve tout haut
  
J’ai toujours rêvé d’aller vivre sur une autre planète,
Dans l’inconnu d’un espace/temps qui inquiète
Tout autant qu’il émerveille, questionne et bouleverse,
Comme une ligne d’horizon bleue, comme l’averse
Qui, telle une aquarelle, goutte de là-haut,
Là où mon rêve a trouvé un écho.
  
Eblouie par la lumière,
Atterrée par les ombres en l’air,
Je vois ce que mon rêve me dicte
Et plus je vois, plus mon rêve périclite.
  
Au beau milieu de cet univers pictural,
Je suis telle une étoile laissant place à l’aurore boréale
Qui dépose sur la toile un point bleu
Au-dessus d’une marée blanche qui arrose ses racines dans le creux.
  
Puis à force de regarder un à un les astres qui peuplent cet univers
Et qui se dessinent sur la toile jamais à l’envers,
Je commence à voir un clair obscur
Qui taquine ma rétine tant il dialogue avec le futur.
  
Ce futur, c’est toujours l’instant d’après,
Cette vision d’un face à face à peu près
Entre une boule de lumière et un rond d’ombre
Qui sont sur un chemin régi par mon regard
Selon qu’il est éclairé ou dans le noir.
  
Même si la couleur s’immisce timidement,
Elle demeure le nouvel apparat que l’univers dévoile quotidiennement
Au milieu des dégradés de noir et de blanc
Qui explosent d’énergie, de doute et de nuances qui s’inscrivent sur son flanc.
  
Je rêve tout haut
Que mon œil se lève tôt,
Pour ne rater aucune ombre, aucune lumière
D’une vie sans frontières que celles de ma rétine et de mon imaginaire.
  
Elisabeth

Cette belle planète

J’ai toujours rêvé d’aller vivre sur une autre planète, mais je ne sais pas laquelle !
Pour moi, la plus belle, c’est la planète Terre !

Oh quelle belle planète, si vous saviez !
De toutes les planètes que j’ai visitées, c’est ma préférée.
Mais je crois que je ne pourrais y habiter avec tous ces humains.

Oh quelle drôle de race ces terriens !
Ils se croient seuls dans une telle immensité… quelle naïveté !

Je ne comprends pas, ils ne nous voient pas, ne nous entendent pas, ne nous sentent pas. Vous y croyez ?

Je pourrais aller sur Vénus, on y voit bien la Terre de là, je pourrai y trouver un endroit bien placé pour pouvoir la contempler.

Mais je ne crois pas que je pourrais m’y éterniser, à la vitesse à laquelle ils l’épuisent.
Ils se croient les plus forts… ils en ont bien tort !

Ou je pourrais partir loin, partir explorer les autres galaxies, mais vous savez ce qu’on dit ?
Que nulle part il n’en existe d’aussi belle !

 Aude


De passage
  
J’ai toujours rêvé d’aller sur une autre planète.
  
Cette nuit profonde que semble offrir l’univers m’appelle.
Cette nuit profonde qui m’a un jour effectivement appelé :
Je suis entouré de noir, seul au milieu de nulle part, par une nuit sans étoile.
Je me sens remis à ma place, je suis un grain de sable parmi les autres.
Je suis éphémère, l’univers est éternel.
Il y a eu des hommes avant moi, il y en aura après.
Et alors ?
  
Aller sur une autre planète ?
C’est le voyage qui m’attire.
Le noir suprême, et moi, une étoile parmi les étoiles cette fois-ci.
Envie d’expérimenter encore plus profondément cette sensation vertigineuse d’être un rouage parmi d’autres.
Redevenir humble.
  
Je ferme les yeux, et laisse vagabonder mon esprit.
Je flotte.
Je ne maîtrise plus rien.
Je me sens libre.
Quel bonheur de ne plus être en maîtrise.
  
Je me laisse porter, les yeux ouverts enfin sur ce qu’est la vie :
Une non-maîtrise. On est vulnérable, et c’est tant mieux. Cela rend la vie précieuse.
Je suis aspiré.
Une myriade de tâches forme une spirale dans laquelle je m’engouffre bien volontiers.
Je suis ballotté encore et encore.
  
Je scille des yeux, et je suis ici sur terre.
Rien n’a changé, mais le voyage est en moi.
Et ce qu’il me dit, c’est de profiter, puisque conscient d’être éphémère.
Car dans cette vie-là, si je ne suis pas sur terre, c’est que je suis mort.
Et ce rêve-là, je ne l’ai jamais eu.
  
Victor
   

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