A partir des œuvres de Joanna Augustyn : Jardins secrets


La lumière du printemps
  
La lumière du printemps caresse la nature.
Dans les ombres profondes, de petites créatures attendent d’entrer dans la splendeur que Botticelli a si bien comprise.
  
I want the light to understand the fragility of the colors.
I want the eols to blow happiness
Softly
On my face
Come to my garden
Before the heat of the summer
Destroys everything.
  
Joanna

L’invitation

Passant, toi qui me regardes distraitement en déambulant et qui vois certainement une très belle fleur aux couleurs vives, arrête-toi un instant.

Ne vois-tu pas un clin d’œil malicieux, avec ces pétales colorés qui s’abandonnent sur ce fond aux multiples transparences indéfinies, pour t’inviter à entrer dans mon jardin secret.

Derrière cette porte, le mystère reste entier, tu ne te laisses pas deviner facilement avec ces évocations subtiles,malicieuses, délicates et pétillantes faites de touches vives, de pétales abandonnées, de reflets argentés, de papillons et de mollusques égarés.

… Et si c’était là, le prolongement de l’âme du peintre qui m’a donné vie…

GDEP


L’inattendue

Je suis un homme. Un vrai. Alors accompagner mon épouse au Jardin des plantes et des fleurs – je ne vais pas vous mentir – je m’y rends en trainant les pieds.

« Allez, m’a-t-elle dit ma femme, c’est la pleine floraison, le jardin va être magnifique. Tu verras, on va en prendre plein la vue, on va humer de subtils parfums, et puis de toute façon, j’en ai marre de tout le temps sortir sans toi ! Cette fois-ci, tu ne vas pas y couper ».

Sur le chemin, le bruit de la ville m’exaspère : le brouhaha du tram, les klaxons me donnent le tournis. J’ai déjà envie de rentrer écouter un bon morceau de jazz, j’imagine l’appartement emplit tout entier par la musique. Moment d’extase suprême. Mais je n’ose pas lui en faire la suggestion à ma femme, alors je subis, docilement.

Nous voilà arrivés.

Je passe le pas de la porte, et cette fois, c’est une sensation de calme et de paix qui m’envahit. Je suis cerné par des odeurs, par des fleurs grandioses, aux couleurs vives et variées. Je n’aurai jamais imaginé un tel enchantement des yeux et du nez, ni être ému à ce point par la singularité de chaque fleur.

Et je suis tombé sous le charme d’une fleur en particulier. Je ne me souviens plus de son nom, mais ce sont les impressions, les sensations qui m’ont traversé que je n’oublierai jamais. C’est gravé en mon être à jamais.

Cette fleur a réveillé en réalité un souvenir de mon enfance (et ma part de féminité, mais ne le dites à personne surtout !). Me voilà plongé 40 ans en arrière et dans les jupons de ma grand-mère, qui venait de cueillir une fleur mauve, au parfum si doux et si intense à la fois qu’il en avait imprégné sa blouse. Je la voulais cette fleur, je voulais que Mamie me la donne à moi. Oui, le petit garçon que j’étais la voulait. Mais elle m’a dit : « Voyons, les garçons, ça n’aime pas les fleurs ». Et la fleur a été donnée à ma sœur.

Cette fleur que j’ai devant moi, c’est celle que je n’ai pu avoir petit, celle qui m’a été enlevée avant même que je l’obtienne. C’est cet épisode de mon enfance qui a façonné l’homme que je suis aujourd’hui, et qui ne voulait pas aller au Jardin des plantes et des fleurs.

Je la dévore des yeux cette fleur, j’effleure en cachette ses délicats pétales, je respire l’odeur qui s’est imprégnée sur mes doigts, je porte ma main à ma bouche pour la goûter, je l’entends presque s’ouvrir à mon contact.

J’ai ma revanche, et je la dois à ma femme.

Roger

 

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